Les confrontations franco-ukrainiennes sont assez fréquentes, en sélection comme en club. Ainsi, aucune équipe n’a joué plus de matchs face à l’Ukraine que la France depuis l’indépendance de cette dernière (neuf matchs). Les clubs français et ukrainiens se sont également souvent affrontés en coupe d’Europe, à l’époque soviétique (avec le mythique Saint-Étienne – Dynamo Kiev de 1976), comme après. Le Dnipro Dnipropetrovsk a lui aussi eu affaire dans son histoire à des clubs français. Voici un récapitulatif de ces confrontations.

Dnipro Footballski

1984/1985 : Coupe d’Europe des clubs champions – quarts de finale

  • Bordeaux – Dnipro Dnipropetrovsk : 1-1, 1-1 a.p. (5-3 t.a.b.)Au tournant des années 1980, entre l’ASSE des années 70 et l’OM du début des années 90, ce sont les Girondins de Bordeaux qui règnent sur le football français. Sous la présidence du moustachu Claude Bez et avec le futur champion du monde Aimé Jacquet à sa tête, le club au scapulaire remporte le championnat de France en 1984 et se qualifie donc pour la Coupe d’Europe des clubs champions.À la même période, en URSS, le football ukrainien prend le pouvoir notamment par l’intermédiaire du Dynamo Kiev. Mais en 1983, c’est un autre club qui s’illustrera : le Dniepr Dniepropetrovsk (nom russe du Dnipro), qui remporte le championnat avec ses stars Hennadiy Lytovchenko et Oleh Protasov, tous deux membres de la sélection soviétique de Valeriy Lobanovskyi.Bordelais et Ukrainiens se rencontrent en quarts de finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1984/1985. Au match aller, à Bordeaux, Bernard Lacombe ouvre rapidement le score avant que Volodymyr Lyutyi n’égalise juste avant la pause. Le score ne bougera plus et il est à l’avantage des Soviétiques à l’issue du match aller.
    Le match retour restera gravé dans les mémoires. Dniepropetrovsk abrite à l’époque une partie du complexe militaro-industriel soviétique et à ce titre la ville est interdite aux étrangers. La rencontre se déroule donc à 150 km de là, à Krivoï-Rog. Logés dans cette ville, les Girondins se plaignent de leurs conditions d’hébergement et menacent de boycotter la rencontre. Sur une pelouse à la limite du praticable, Lysenko ouvre le score pour le Dniepr mais Tusseau égalisera à un quart d’heure de la fin. Aucun but n’est marqué à l’issue des prolongations et les tirs au but décident du vainqueur : Lytovchenko est le seul joueur à manquer sa tentative. Aucun joueur bordelais ne tremble et Fernando Chalana inscrit le tir au but victorieux du pied droit bien qu’étant gaucher.En demi-finales, Bordeaux tombera face à la Juventus (0-3, 2-0), futur vainqueur de la compétition au terme d’une finale rendue tristement célèbre par le drame du Heysel.Le Dniepr terminera quant à lui la saison à la troisième place du championnat soviétique à la fin de l’année. Son buteur Oleh Protasov explosera les compteurs en marquant 35 buts en 33 matchs de championnat.

Les saillies de Claude Bez, elles aussi, resteront à jamais dans la légende :

« Je suis français, je ferai travailler Air France, une compagnie française. Pas question de payer les Russes. »

« La douane, nous la passerons tous ensemble, ou pas du tout. Sinon, je reprends mon avion et nous rentrons à Bordeaux ! »

« La parole d’un Soviétique ne vaut rien ! »

1988/1989 : Coupe de l’UEFA – premier tour

  • Dnipro Dnipropetrovsk – Bordeaux : 1-1, 1-2Un peu plus de trois ans après le mythique quart de finale de Coupe des clubs champions, le Dniepr Dniepropetrovsk et Bordeaux se retrouvent cette fois en tant que deuxièmes de championnat lors du premier tour de la Coupe de l’UEFA. Au match aller, en Union soviétique, c’est le jeune défenseur Alain Roche qui ouvre le score pour Bordeaux à la 24ème minute. Privé de ses deux stars Lytovchenko et Protasov, transférées plus ou moins contre leur gré au Dynamo Kiev, le Dniepr s’en remet à Volodymyr Lyutyi, déjà buteur face aux Girondins quelques années plus tôt, pour dérocher le nul à domicile.
    Au match retour, Oleksiy Cherednyk ouvre très rapidement le score et place le Dniepr en position favorable. Mais en deuxième période, Yannick Stopyra puis Enzo Scifo permettront à Bordeaux de l’emporter et de se qualifier.Le parcours de Bordeaux s’arrêtera en huitièmes de finale avec une élimination face au futur vainqueur Naples (0-1, 0-0). De son côté, le Dniepr finira par remporter le championnat soviétique à la fin de la saison. Son homme providentiel ? Un certain Yevhen Shakhov, homonyme et père de l’actuel joueur du Dnipro, qui terminera meilleur buteur du championnat.

2003/2004 : Coupe de l’UEFA – seizièmes de finale

  • Marseille – Dnipro Dnipropetrovsk : 1-0, 0-0À la peine en championnat, éliminé de la Ligue des Champions, l‘OM n’a plus que la Coupe de l’UEFA pour sauver sa saison. Pour son premier match dans la compétition après avoir été reversé de la C1, Marseille affronte le Dnipro Dnipropetrovsk, une équipe composée de nombre d’internationaux ukrainiens (Rotan, Yezerskiy, Rusol, Nazarenko, Shelayev notamment). Comme souvent cette saison-là, c’est Didier Drogba qui sauve l’équipe entraînée par José Anigo (qui a remplacé Alain Perrin en cours de saison) : l’Ivoirien marque le seul but du match aller sur penalty à la 54ème minute avec une très belle glissade. Au match retour, l’OM se contentera de résister et obtiendra un nul (0-0) ainsi que sa qualification pour les huitièmes de finale. C’est le début d’un beau parcours qui verra les Olympiens terrasser Liverpool, l’Inter et Newcastle avant de se faire battre, en infériorité numérique, par Valence en finale (0-2). Un parcours qui contrastera avec la saison pénible vécue par Marseille en championnat. De son côté, le Dnipro Dnipropetrovsk terminera troisième du championnat ukrainien, très loin derrière le Dynamo Kiev et le Shakhtar Donetsk.

2006/2007 : Coupe Intertoto – troisième tour

  • Marseille – Dnipro Dnipropetrovsk : 0-0, 2-2, Marseille qualifié aux buts inscrits à l’extérieurEn plein cœur de l’été, l’OM doit disputer la Coupe Intertoto pour espérer participer à la Coupe de l’UEFA. En cause ? Une saison 2005/2006 achevée à la cinquième place. Une qualification lui offrirait le droit de participer à un tour préliminaire de la Coupe de l’UEFA avant de disputer l’ultime tour préliminaire, celui qui permet d’accéder à la phase de poules. Marseille retrouve à cette occasion une vieille connaissance : le Dnipro Dnipropetrovsk et ses nombreux internationaux ukrainiens dont certains ont atteint les quarts de finale de la Coupe du monde quelques semaines plus tôt. Parmi les quatre joueurs du Dnipro présents dans la sélection ukrainienne, seul Nazarenko est titulaire lors de cette rencontre qui se déroule à Fos-sur-Mer, le Vélodrome étant déjà occupé par un concert de Johnny Hallyday.Sans Franck Ribéry, tout à la fois préservé et au centre d’un conflit d’intérêts entre l’OL et l’OM, Marseille pêche dans la finition et ne parvient pas à battre Vyacheslav Kernozenko, le portier du Dnipro. Au match retour, face à un Dnipro qui a récupéré ses internationaux, l’OM toujours sans Ribéry se montre patient et finit par être récompensé peu avant l’entame du dernier quart-d’heure : Niang (71′) puis Oruma (75′) scellent la qualification marseillaise. Du moins avant le début du show Nazarenko. L’international ukrainien fait admirer sa précision sur coup franc en réduisant le score dans cet exercice trois minutes après le deuxième but marseillais avant de déposer un ballon sur la tête d’Andriy Rusol pour l’égalisation (87′). Marseille vit des dernières minutes difficiles mais finit par obtenir sa qualification.L’OM ne fera pas long feu en Europe cette saison-là : après une qualification (encore) acquise aux buts à l’extérieur face aux Young Boys de Berne (3-3, 0-0), il se fera éliminer par Mladá Boleslav lors du tour suivant (1-0, 2-4) avec un match retour qui a fait entrer Avi Assouly dans la légende. Le Dnipro Dnipropetrovsk finira quant à lui quatrième du championnat d’Ukraine.

2014/2015 : Europa League – premier tour

  • Saint-Étienne – Dnipro Dnipropetrovsk : 0-0, 0-1C’est la confrontation la plus récente à ce jour entre le Dnipro et un club français. Derrière un Inter Milan favori, Saint-Étienne et le Dnipro sont destinés à lutter pour la deuxième place.Après un démarrage poussif, les deux équipes se retrouvent à Geoffroy-Guichard à l’occasion du match aller. Si la domination et les occasions sont stéphanoises et si Denys Boyko doit s’employer pour éviter l’ouverture du score, c’est le Dnipro qui repart avec des regrets, Nikola Kalinić ayant vu son penalty arrêté par Stéphane Ruffier. La rencontre s’achève sur un 0-0.
    Le match retour, à Kiev, a lieu lors de la dernière journée des phases de poule. Aucune des deux équipes n’a son destin en main car il suffit à Qarabağ de battre un Inter Milan déjà qualifié pour passer le premier tour sans se soucier du résultat de ce Dnipro – Saint-Étienne. Artem Fedetskiy inscrit l’unique but de la rencontre à la 66ème minute. Le match entre Qarabağ et l’Inter Milan se termine quant à lui sur un score de 0-0 mais avec une polémique liée à un but refusé au club azerbaïdjanais en fin de rencontre. Lanterne rouge du groupe avant cette rencontre, le Dnipro Dnipropetrovsk se qualifie en passant par un trou de souris. Il éliminera par la suite l’Olympiakos, l’Ajax, le FC Bruges et Naples pour atteindre la finale de l’Europa League.

Karim Hameg


Photo à la une : Claude Bez | © oldschoolpanini.com

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