Tout au long du mois de mai, Footballski brosse le portrait d’entraîneurs hongrois qui, à différents moments du XXe siècle, sont partis exercer leur métier à l’étranger. Attirés par le goût de l’aventure ou fuyant un antisémitisme galopant, tous ont laissé une trace loin de chez eux. Une trace parfois indélébile et, surtout, souvent méconnue. Deuxième épisode de notre série avec Ferenc Plattkó, qui s’est fait un nom au FC Barcelone avant de marquer l’histoire de Colo-Colo.

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Le FC Barcelone a vu passer  parmi ses rangs certains des meilleurs joueurs hongrois. Zoltán Czibor, Sándor Kocsis ou László Kubala ont ainsi fait les beaux jours du club catalan. On se souvient cependant moins du premier d’entre eux, Ferenc Plattkó. Portrait d’un joueur hongrois devenu héros en Espagne et légende au Chili.

Cet article a été publié le 17 mars 2015.

Plattkó naît à Budapest, en 1898. Dans ce début de XXe siècle, le jeune Ferenc – le premier de ses nombreux prénoms à venir – développe très tôt un amour inconsidéré pour le ballon rond. Joueur dès ses dix ans, il trouve rapidement sa place au poste de gardien de but. Avec un certain talent, qui lui permet d’être engagé par le SC Vasas à quinze ans. Titulaire peu de temps après son arrivée, c’est avec le club du nord de Budapest qu’il découvre la première division deux ans plus tard. A la fin de sa première saison dans l’élite, Plattkó est déjà vu comme un grand espoir, si ce n’est l’un des meilleurs gardiens du pays alors qu’il n’a pas fêté son dix-huitième anniversaire. Malheureusement pour lui, la Première Guerre mondiale fait des ravages, l’Empire austro-hongrois est au bord de l’implosion. Il faut partir.

Plattko au Vasas Budapest en 1920
Plattkó au Vasas Budapest en 1920 | © vasasfutballclub.hu

De Ferenc à Franz

Comme plusieurs de ses compatriotes, l’international hongrois quitte donc son pays pour l’Autriche voisine. Le début d’un fabuleux tour du monde et d’une collection de prénoms. Il signe en 1919 au Vienne AC. Ferenc y devient rapidement Franz, avant de s’envoler une année plus tard pour l’Angleterre et Middlesbrough, qui évolue alors dans l’élite britannique. Là encore, l’expérience ne dure que quelques mois. Plattkó rejoint alors la Serbie et la KAFK Kula, aujourd’hui mieux connu sous le nom de Hajduk Kula. A 23 ans seulement, il y est joueur, capitaine et entraîneur. Avec lui, le club de Kula remporte le championnat de la sous-fédération de Subotica et accède ainsi à l’élite de ce pays que l’on appelle encore Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

A l’automne 1922, Plattkó revient au pays par la grande porte. Le MTK, inamovible champion de Hongrie depuis 1917, l’accueille. Avec cette nouvelle recrue dans ses rangs, l’équipe budapestoise ne déroge pas à la règle et s’offre un septième titre consécutif. Mais c’est un tournoi amical qui va changer pour de bon la vie de son gardien.

Chaque année, le MTK a en effet pour habitude d’inviter des équipes étrangères pour une série de matchs amicaux de fin de saison. En 1923, c’est le FC Barcelone qui est convié à venir disputer deux matchs. Deux rencontres que les Espagnols dominent. Mais face à eux se dresse un invincible gardien de but. Malgré leur supériorité, les Barcelonais ne parviennent pas à marquer le moindre but et le MTK arrache deux nuls sur le même score de 0-0. Conquis, les dirigeants espagnols sont prêts à tout pour faire signer le gardien du club hongrois. Plattkó accepte leur offre sans hésiter et fait ses bagages. Il quitte ainsi la Hongrie, où il ne jouera plus, et sa sélection, avec laquelle il évolue six fois entre 1917 et 1923, pour cinq victoires, un match nul et seulement quatre buts encaissés.

A Barcelone, Plattkó est loin d’arriver en héros. Il est en effet destiné à remplacer la légende Ricardo Zamora, reparti à l’Espanyol après s’être brouillé avec le président Hans Gamper qui avait refusé de l’augmenter. Succéder à Zamora est une tâche immense. Mais le staff barcelonais a visé juste. Dès les premiers matchs amicaux, Plattkó inspire confiance et gagne sa place de titulaire. Avec succès, puisque le Barça remporte en fin de saison le championnat de Catalogne, qui lui avait échappé l’année précédente. Mieux, en sept ans de présence au club (de 1923 à 1930), Plattkó remportera six fois cette compétition, ne la cédant qu’en 1929 à l’Espanyol. Il réussit également le doublé à trois reprises en remportant la Copa del Rey en 1925 (2-0 face à l’Arenas Getxo), en 1926 (3-2 face à l’Atlético de Madrid) puis en 1928, au terme d’une finale épique face à la Real Sociedad. Nous y reviendrons plus tard.

Plattko et l'immense Zamora, à qui il succède
Plattkó et l’immense Zamora, à qui il succède |© huszadikszazad.hu

Si Plattkó, Samitier et leurs coéquipiers ont raté le titre en championnat de Catalogne en 1929, c’était néanmoins pour mieux écrire l’histoire. Car le club remporte cette année-là la toute première édition de la Liga, le championnat d’Espagne. La saison ne démarre pourtant pas fort. Alors que le Real Madrid caracole en tête du championnat dès la première journée, les Catalans s’enfoncent, allant jusqu’à pointer à la 9e et avant-dernière place du classement au soir de la 7e journée. Plattkó n’est alors pas titulaire, son entraîneur Romà Forns lui préférant le local Ramón Llorens. Mais à la fin des matchs aller, alors que le club est remonté à la 6e place,  Forns est démis de ses fonctions. L’Anglais James Bellamy lui succède alors. Sous ses ordres, Plattkó retrouve sa place dans la cage barcelonaise. Et c’est de nouveau une réussite totale. Avec le retour de son gardien hongrois, le Barça remporte huit de ses neuf matchs (pour un nul) et n’encaisse que quatre petits buts. Suffisant pour revenir du diable vauvert et passer devant le Real Madrid à la 18e et dernière journée. Si les stars de l’équipe sont alors les attaquants Paulinho Alcantara et José Samitier, Franz Plattkó est bel et bien à la base de ce miracle. Ses louanges sont chantées depuis un moment déjà.

L’ode à Plattkó

Revenons à l’épique finale de Copa del Rey 1928, lors de laquelle notre héros est entré dans la légende blaugrana. Le 20 mai 1928, cette finale voit le FC Barcelone affronter la Real Sociedad au stade El Sardinero de Santander. Les joueurs ne le savent pas encore, mais il leur faudra plus d’un mois pour se départager, au terme de ce qui restera comme la plus longue finale de coupe d’Espagne de l’histoire.

Il fait un temps exécrable ce soir-là en Cantabrie. Les 18 000 spectateurs subissent le vent, la pluie et les embruns de l’océan tout proche. Dans ces conditions difficiles, les deux équipes mettent toute leur énergie. Le match est heurté, voire violent entre le champion de Catalogne et le vice-champion de Guipúzcoa en titre. Comme l’explique l’arbitre du match Pedro Escartín dans le documentaire ci-dessous, ce type de match est alors classique en finale. «Ça a joué un football de qualité, mais un football très dur, parce que la coupe, c’est différent du championnat,» explique-t-il. Cantonnées à des championnats provinciaux, les deux équipes n’ont à cette époque que la coupe pour s’offrir un titre national.

C’est ainsi qu’en première mi-temps, Plattkó est sévèrement touché. Le journal Sport Cantabria du lendemain décrit l’action : «La Real pressait le but catalan et son avant-centre Cholin, en position enviable, avança vers le but. Alors que le but semblait inévitable, le gardien Platko [avec un seul « t »] s’étira de tout son long et plongea dans les pieds du joueur de Saint-Sébastien bloquant ainsi le tir, mais recevant en contrepartie dans la tête le coup de pied destiné au ballon. Le coup fût brutal. Choqué, Platko dut sortir du terrain pour se faire appliquer six points de suture dans la plaie sanglante.»

Samitier et Plattkó blessés, après le match de Santander |© footballcitizens.com

Le front en sang, le gardien doit en effet quitter ses partenaires le temps de se faire soigner. Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Samitier de sortir sur blessure. Mais il n’y a pas de remplacement à cette époque. Bandés, les deux hommes doivent donc reprendre leurs places pour le reste du match. Ils en seront les héros. Samitier ouvre le score en début de seconde période tandis que devant sa ligne, Platko multiplie les parades face au vent, à la pluie et à une équipe basque dominatrice. Il ne pliera qu’à la 83e minute. Les deux équipes termineront à égalité. Mundo Deportivo parle le lendemain d’un « match violent, de grande nervosité et de mauvais jeu. »

Dans les tribunes, un homme n’a d’yeux que pour ce gardien souillé de boue et de sang qui continue à tenir sa place malgré les points et une fracture : le jeune poète Rafael Alberti. Subjugué, ce dernier raconte sa vision des faits : «Le jeu était brutal. On jouait un match de football, mais il était aussi question de nationalisme. Platko, un gigantesque gardien hongrois, défendait la cage catalane tel un taureau. Dans un moment désespéré, Platko a été assailli si violemment par les joueurs de la Real Sociedad qu’il en est sorti ensanglanté, sans connaissance, à quelques mètres de ses poteaux, mais avec le ballon dans les bras. Puis il est apparu de nouveau, bandé à la tête, fort et beau, prêt à se sacrifier.» Subjugué, il met ensuite des mots sur ses émotions dans son Ode à Platko, qu’il nomme affectueusement « L’ours blond de Hongrie. » Une ode un peu longue pour être retranscrite en intégralité ci-dessous, et que je ne ferai pas l’affront aux hispanophones de traduire.

«Ni el mar,

que frente a ti saltaba sin poder defenderte.

Ni la lluvia. Ni el viento, que era el que más rugía.

Ni el mar, ni el viento, Platko,

rubio Platko de sangre,

guardameta en el polvo,

pararrayos.

No nadie, nadie, nadie,

Nadie se olvida, Platko.»

Reste encore à départager les deux équipes. La finale est ainsi rejouée deux jours plus tard, toujours à Santander. Une nouvelle fois, les deux équipes pratiquent un jeu dur. Plattkó, que la commotion et une fracture diagnostiquée la veille empêchent de jouer, est remplacé par Llorens. Et une nouvelle fois, le match se termine sur le score de 1-1, avec en prime une expulsion de chaque côté. Un troisième match sera nécessaire. Il ne sera joué qu’un mois plus tard, le 28 juin 1928, à cause des Jeux Olympiques d’Amsterdam. Toujours sans Plattkó, mais avec Samitier, le FC Barcelone s’impose 3-1 au terme d’un match qui verra encore deux joueurs être expulsés. Même sans jouer, le portier magyar remporte là sa troisième et dernière Copa del Rey en tant que joueur.

Deux ans après cet épisode, le gardien héroïque quitte Barcelone. Agé de 32 ans, Plattkó passe quelques mois au Recreativo Huelva, avant de rejoindre la Suisse et le FC Bâle, où il termine sa carrière de joueur et démarre celle d’entraîneur dès 1932. C’est le début pour lui d’un véritable tour du monde, entamé par la Suisse et le FC Bâle. Moins d’une année plus tard, c’est en France qu’il revient. Victime d’une blessure, le joueur-entraîneur du FC Mulhouse, Ferdinand Swatosch, ancien attaquant de la grande équipe autrichienne des années 20, est éloigné de son équipe par une blessure. Plattkó le remplace sur le banc, et remet même quelquefois les gants à la place de l’habituel gardien titulaire. Même chose la saison suivante avec le RC Roubaix, double finaliste de la Coupe de France et qui vient à peine de franchir le pas du professionnalisme. A 35 ans, Plattkó n’hésite pas à remplacer le gardien François Encontre à quelques occasions. Mais là encore, l’expérience ne dure pas plus d’une saison. Nous sommes en 1934 et le jeune entraîneur reçoit un appel qu’il ne peut refuser : celui du retour en Catalogne.

Quelques années après son départ, le héros de Santander retrouve ainsi le FC Barcelone. Un club qui n’a pas su redevenir champion de Liga après son titre inaugural de 1929, laissant l’Athletic Bilbao puis le Real Madrid se succéder cinq années durant. Son retour n’est qu’un demi-succès, car si elle parvient à remporter le championnat de Catalogne, qui lui échappait depuis trois ans, son équipe ne fait pas mieux qu’une 6e place en Liga. Plattkó quitte la Catalogne dès la fin de la saison.

Les aventures d’une année se succèdent alors les unes aux autres : Porto, Cracovie, Roubaix, Arsenal ou encore feu le Venus Bucarest, avec lequel il remporte le championnat de Roumanie. Mais avec la fin des années 30 arrive l’ombre de la Seconde Guerre mondiale. Contrairement à ses frères Esteban (István) et Carlos (Károly), qui resteront entraîner en Espagne durant les années 40 – respectivement à Granada et Valladolid ou encore le Celta de Vigo – Franz quitte l’Europe pour l’Amérique du Sud. Il y gagnera un nouveau prénom.

De Franz à Francisco

En 1939, c’est au Chili qu’atterrit Plattkó. A Colo-Colo plus précisément. Avec un succès immédiat. Sous ses ordres, El Colo remporte le Tournoi d’ouverture après une finale gagnée 3-2 face à l’ennemi Universidad de Chile. La réussite est là, mais l’envie de bouger est une fois encore la plus forte. C’est ainsi qu’en 1940, c’est en Argentine que l’on retrouve notre homme, sur le banc de River Plate. Malgré une troisième place au championnat, la saison est mitigée, notamment par le fait que le club compte treize points de retard sur le champion, son rival Boca Juniors, qui réalise cette année-là le doublé coupe-championnat.

Après ce petit intermède argentin, Plattkó retourne à Colo-Colo. Nouveau retour et nouveau titre, puisque sous ses ordres, le club de Santiago remporte largement le titre en Primera División. Le Hongrois développe alors un système et une vision du jeu totalement inédits au Chili. Basé sur un 3-4-3 de type WM aussi efficace qu’accrocheur, son système tactique permet à El Colo de remporter le titre en 1939 en marquant 91 buts (soit 3,8 buts par match en moyenne) puis d’être invaincu en championnat lors de son sacre de 1941, avec là encore une moyenne de buts de 3,4 par match. A Colo-Colo, on parle alors d’un « avant et un après Plattkó. »

Plattko, en haut , au centre de son équipe de Colo-Colo
Plattkó, en haut , au centre de son équipe de Colo-Colo invaincue en 1941 |© solofutbol.cl

Son système, le Hongrois continue de le développer et l’explique en 1946 dans son livre L’art et la science du football moderne. Dans cet ouvrage, Plattkó clame son grand amour du football et donne les bases de son style de jeu idéal. Un style où chaque joueur « doit être conscient des innombrables combinaisons possibles » et qui doit être modulé selon les joueurs de chaque équipe : « Je tiens à souligner que chaque joueur est unique. Ses qualités individuelles sont déterminées par des capacités propres. » Tout en insistant sur le rôle physique, mental et éducatif du football, des points de « nature humaine » sur lesquels les joueurs doivent baser leur progression.

Le succès de sa vision novatrice du football lui ouvre rapidement les portes de l’équipe nationale. A partir de 1941, Francisco Platko, tel qu’il est appelé dans les pays hispanophones (avec, là encore, un seul « t ») prend en charge l’équipe nationale chilienne, en alternance avec Colo-Colo, club qu’il entraînera jusqu’en 1943. Il mène le Chili durant deux éditions du Championnat sud-américain de football, qui n’est pas encore appelé Copa América. En 1942, sa sélection chilienne, largement renouvelée et rajeunie, rend une copie assez décevante, avec une seule victoire et un nul pour quatre défaites.

L’édition de 1945, entièrement disputée à domicile à l’Estadio Nacional de Santiago, est, elle, une réussite totale. Fort de son travail de reconstruction mené depuis son arrivée, Platko voit son équipe réaliser un parcours impeccable, battant tour à tour l’Equateur (6-3), la Bolivie (5-0), la Colombie (2-0) et l’Uruguay (1-0) avant de faire match nul (1-1) face à l’Argentine. Lorsque le Chili entre sur le terrain pour le dernier match de la compétition face au Brésil, une victoire peut lui offrir le premier titre continental de son histoire. Las, Zizinho, Ademir et leurs coéquipiers s’imposent (1-0) grâce à un but d’Heleno de Freitas, le meilleur buteur de la compétition. Une défaite qui permet à l’Argentine de remporter son septième titre, tandis que le Chili réalise la meilleure performance de son histoire dans cette compétition en terminant à la troisième place, derrière le Brésil. Le tout avec une fois encore une très bonne défense, (seulement cinq buts encaissés en six matchs).

L’épopée chilienne de Plattkó prend alors fin. Une première fois. Nous sommes en 1945 et la Seconde Guerre mondiale terminée, ce dernier tente un retour sur « ses » terres espagnoles. Au Real Valladolid plus exactement. Un club cher à sa famille, puisque ses deux frères Esteban et Carlos l’ont entraîné à tour de rôle durant les difficiles années de conflit. Au sortir de la guerre, Valladolid est en Tercera división. Vainqueur de son groupe de qualification, il échoue lors du groupe final, laissant la promotion en deuxième division à Málaga et Levante. Une fois encore, Francisco ne reste pas plus d’une saison et reprend le large. Direction le Chili et Colo-Colo. Mais ce retour n’est pas aussi facile qu’imaginé. Ses passages à Santiago, Boca Juniors et River Plate (en tant que directeur technique) n’aboutissent sur aucun titre de champion.

Il faut attendre 1953 et son quatrième passage à Colo-Colo pour que, enfin, son palmarès s’étoffe encore un peu. Cette saison est une merveille. Large champion avec 41 points, soit huit d’avance sur son dauphin Palestino (la victoire est à deux points), El Colo termine une fois encore le championnat avec une moyenne supérieure à trois buts marqués par match. Avec ce troisième titre en tant qu’entraîneur, Francisco devient une légende à Colo-Colo, rejoint plus tard par des entraîneurs tels que Pedro Garcia, Luis Alamos, Claudio Borghi ou le Croate Mirko Jozic au panthéon des idoles du club.

Le grand retour au Barça

En 1955, le FC Barcelone fait appel à lui. Vingt-cinq ans après son départ, voilà Plattkó de retour en Catalogne, dans le club de ses premiers amours. Mais plus que sa passion pour ce club, sa venue est due à l’influence de la star de l’équipe, son compatriote László Kubala. Champion d’Espagne en 1953, le Barça vient d’échouer à deux reprises à la deuxième place du championnat derrière le Real Madrid. Pour Plattkó, l’objectif est simple : le titre de champion. Avec Kubala et Luis Suarez, idoles du public de Les Corts, le club catalan réalise une grande saison, réussissant notamment une série de dix victoires consécutives. Un record qui tiendra jusqu’au Barça de Rijkaard en 2005.

Malgré cela, Barcelone ne sera pas champion. Longtemps à la lutte avec l’Athletic Bilbao, les Catalans cèdent la place de leader à trois journées du terme et finissent encore deuxième, un petit point derrière des Basques qui réalisent le doublé coupe-championnat. L’objectif n’est pas atteint, les dirigeants catalans ne reconduisent le contrat de Plattkó, qui est remplacé durant l’intersaison par un de ses anciens coéquipiers au club dans les années 30, Domènec Balmanya.

A 57 ans, le technicien hongrois a fait sa dernière apparition sur les bancs de touche. Après avoir appris que le FC Barcelone ne le reconduisait pas, Plattkó décide de repartir vivre au Chili. Il y rencontrera l’équipe nationale hongroise venue disputer la Coupe du Monde 1962, avec laquelle évolue un certain Gyula Grosics, son digne héritier dans le but de la sélection. C’est d’ailleurs au Chili qu’il s’éteint vingt ans plus tard, en septembre 1983, après des années vécues dans une certaine pauvreté, au point de recevoir un soutien financier de l’Association des Vétérans de Barcelone. Au lendemain de son décès, Mundo Deportivo titre « Adieu à l’Ours blond »  et raconte quels ont été ses derniers mots à son épouse Olga : « Quand je mourrai, je veux que tu envoies au FC Barcelone tous les souvenirs que j’ai dans le vieux coffre. Jamais je n’oublierai ce grand club. » L’inverse est également vrai. A Barcelone comme à Santiago du Chili, personne n’a oublié les exploits et la volonté sans faille de l’Ours blond de Hongrie. No nadie se olvida, Platko.

Pierre-Julien Pera

Image à la Une : © Rémy Garrel

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