Première partie : le récit de la demi-finale

Grâce à notre passage au siège du Dynamo Kiev pour interroger le vice-président, nous avons pu obtenir des accréditations pour suivre la demi-finale retour de coupe d’Ukraine. Ces accréditations nous donnaient ainsi l’accès à la tribune de presse mais également au terrain, vu que notre équipe comptait dans ses rangs un photographe. Cette rencontre opposait donc le prestigieux Dynamo Kiev face au modeste Olimpik Donetsk, après le 0-0 cadenassé du match aller. L’occasion parfaite de découvrir le stade Olimpiyskiy, la superbe enceinte aux 70 000 places, qui a accueillie la finale de l’Euro 2012.

Il fait très chaud en cette fin de mercredi après-midi aux abords du stade olympique de Kiev. Il n’y a pas foule sur le parvis qui fait le lien entre la station de métro et l’entrée de l’Olimpiyskiy. On distingue quelques policiers, une dizaine de supporters mais également des jeunes du centre de formation du Dynamo Kiev. Ilias est l’un d’entre eux, habillé entièrement aux couleurs du club, il est très enthousiaste à l’idée de voir jouer une nouvelle fois ses idoles « l’Academy nous offre des places pour chaque match à domicile, c’est un honneur de représenter ce club et cette ville. »

Ilias (à gauche) et ses coéquipiers U15 du Dynamo.
Ilias (à gauche) et ses coéquipiers U15 du Dynamo.

Les ultras sont incroyables dans leur dévouement, certains sont même venus nous encourager en U15

Très vite on aborde la question des ultras qui commencent à affluer à l’Olimpiyskiy, on ressent très vite un avis sincère : « les ultras sont incroyables dans leur dévouement, certains sont même venus nous encourager en U15 ! Leur implication à Maidan fut la bonne. » Le dialogue était vraiment instructif mais malheureusement Ilias doit déjà filer, rattrapé par son éducateur qui le presse de rejoindre les siens.

Petits fours et critique des ultras

Nous pouvons enfin pénétrer dans l’arène qui a vu Fernando Torres et les siens crucifier l’Italie il y a 3 ans. Enfin pas tout de suite, d’abord il y a le buffet des journalistes et la Médiaroom. Un grand café et une part de tarte aux pommes, nous profitons immédiatement des quelques extras de cette accréditation… au nom du journal l’Équipe ! Footballski n’est pas encore reconnu, patience, patience.

La Médiaroom du Dynamo Kiev.
La Médiaroom du Dynamo Kiev.

Ce sont des hooligans nazis qui gangrènent notre football. Il faut mettre des barbelés comme dans les camps de concentration pour les encadrer.

On prend même le temps de discuter des supporters avec Simon Slouchevsky, journaliste pour FootballClub. « J’ai connu l’Euro 96 en Angleterre, les lois anti-hooligans ont été très efficaces. Il faut appliquer la même sévérité en Ukraine. » Pour la première fois dans notre périple, nous entendons un avis très négatif sur les ultras. S.Slouchevsky n’y va pas par quatre chemins à leur propos :« Ce sont des hooligans nazis qui gangrènent notre football. Il faut mettre des barbelés comme dans les camps de concentration pour les encadrer. » Le journaliste à la moustache atypique nous laisse sur cette phrase d’une violence inouïe, le match va bientôt débuter.

Patriotisme ukrainien exacerbé

Dès les premiers instants, nous ne pouvons qu’être éblouis devant la beauté d’un tel stade. La juxtaposition des sièges : bleu en haut et jaune en bas, en référence en drapeau ukrainien, apporte une vraie personnalité à l’Olimpiyskiy. Il n’y a vraiment pas foule pour assister à cette rencontre, à peine 10 000 spectateurs se sont motivés pour assister au récital de Belhanda, Veloso et Yarmolenko. Le premier moment fort intervient lors de l’hymne ukrainien qui retentit avant le coup d’envoi. Journalistes, hôtesses, joueurs et supporters, tout le monde met la main sur le cœur et chante à l’unisson le Chtche ne vmerla Ukraïna (l’Ukraine n’est pas encore morte).

La vue est splendide depuis la tribune de presse.
La vue est splendide depuis la tribune de presse.

Les ultras sont environ 500 et s’installent des portes 45 à 39. Seulement vingt d’entre eux sont torses-nus et l’on distingue deux drapeaux rouges et noirs, affiliés aux révolutionnaires de Maidan. Dans les quelques autres banderoles on aperçoit plusieurs figures de l’histoire de l’Ukraine et du Dynamo : les trois frères fondateurs de Kiev, le poète Taras Chevtchenko et le grand entraîneur Valeri Lobanovski. Les quelques chants audibles sont plutôt timides comme ce « Seulement Kiev, seulement la victoire, la la la la la la la… »

La vue est magnifique, mais qu’est-ce qu’on s’emmerde

En tribune de presse c’est un tout autre spectacle, les journalistes ne sont pas les seuls à s’y installer. On retrouve également des cadres sortis du boulot et qui profitent pour prendre un sacré apéro. Bières, Vodkas et cacahuètes sont de sortie, sans que cela ne dérange personne. Apparemment il est de coutume en Ukraine, si on a de bonnes relations avec les dirigeants, de pouvoir s’installer où l’on veut et donc boire comme des cochons au milieu des journalistes. Les quelques commentaires entre deux shoots sont tout de même exhaustifs :« la vue est magnifique, mais qu’est-ce qu’on s’emmerde ». Ces mêmes hurluberlus vont agiter leurs écharpes et nous exploser les tympans à chaque but du Dynamo. Une sacrée expérience donc.

Ça se met bien en tribune de presse
Ça se met bien en tribune de presse

Ambiance morbide sauf chez les ultras

Niveau ferveur, on a rarement connu aussi austère que cet Olimpiyskiy. À part les ultras qui chantent de la première à la dernière minute, le reste du stade ressemble à un caveau à ciel ouvert. On entend ainsi le bruit du ballon et des sifflets de l’arbitre. Le speaker s’exclame même à la 35ème minute « Allez, soutenons un peu notre équipe ». La tristesse ultime.

Peut-on faire un lien de cause à effet avec la piste d’athlétisme qui éloigne les joueurs de leurs supporters selon le célèbre théorème de Louis II ? En tout cas le dispositif de sécurité est assez impressionnant, pas moins de 80 stewards, dont une trentaine postée devant les ultras. Dernière scène assez hallucinante avec la réduction de l’écart pour Donetsk. Tout le stade se met à siffler alors que la prestation du Dynamo était jusque-là de haute volée. Peu importe, de notre côté ces quelques heures au stade olympique étaient très enrichissantes que ce soit les ultras, l’avis des journalistes ou le spectacle proposé par les hommes de Sergeï Rebrov.

Gusev, le seul à venir répondre aux questions.
Gusev, le seul à venir répondre aux questions.

Le score finale est de 4-1 après un dernier but de Jeremain Lens, on attendra une bonne demi-heure que les joueurs viennent nous voir en zone mixte mais à part Gusev, personne ne viendra. Sans doute la pression de devoir répondre au micro de Footballski.

Adrien Mathieu

Seconde partie avec les photos de la rencontre, prises par Valentin Pasquier.

 

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