Il y a des jours de football comme ça où l’on enchaîne les matchs et les émotions. Le vieux stade Juliska se trouve sur la même ligne que le Letna, du même côté de la rivière Vltava. Nous nous en allons plus au nord après avoir pris une bière, prêts à découvrir ce club tant détesté qui avait failli disparaître. Une question m’habite, celle de savoir ce qu’il reste de ce club jadis prestigieux (lire : l’histoire du club le plus impopulaire du pays)

L'affiche du soir.
L’affiche du soir.

L’ambiance est calme dans se quartier luxueux de Prague, et seuls quelques policiers ainsi qu’une centaine de supporters viennent troubler cette quiétude à plus d’une heure du coup d’envoi. Juliska se trouve à flan de falaise, près d’une caserne, soit tout pour nous rappeler son passé de grand club de l’armée (le stade appartenant toujours à l’armée). A l’entrée dans le stade, la contrôleuse ne prend pas le soin de vérifier ce que nous lui donnons et elle composte notre ticket du … Sparta. Puis, on lève les yeux et c’est l’architecture du stade qui nous frappe : la grande tribune monolithique est comme monumentale avec ses marches abruptes pouvant effrayer le spectateur éméché. Arrivé dedans, après un tour à la buvette où nous avons pris bien soin de nous fournir en Klobasy et bières, la vue sur le terrain et la ville est imprenable. En face, ne se trouvent que quelques petites tribunes hors d’âge sans siège entourant la piste d’athlétisme. Oui, car ce stade est surtout célèbre pour l’athlé et, toujours aujourd’hui, les meilleurs athlètes du pays font partie du Dukla et s’y entraînent.

La tribune principale, majestueuse.
La tribune principale, majestueuse.

Un programme de match datant de six mois traîne sous nos pieds. Les haies, elles, n’ont même pas été enlevées de la piste. L’équipe de télévision se prépare sur le bâtiment à pilotis en face de nous tandis que les remplaçants se chargent de ranger eux-mêmes les ballons après l’échauffement. Ici, l’ambiance est bon enfant, et ce club autrefois détesté n’a aujourd’hui plus aucune rivalité : dans la tribune principale se côtoient des maillots du Sparta (sans doute des gens qui, comme moi, sont venus directement du Letna) et des maillots du Viktoria, l’adversaire du soir. La tribune, elle, n’est pas pleine mais grande, plus grande qu’il n’y paraît et nous sommes tout de même 5 200 ce soir pour voir un match de gala (oui, le Viktoria déplace toujours plus les foules à l’extérieur, c’est tout de même le champion en titre).

Le match s’apprête à commencer mais le Dukla, c’est avant tout un homme : Josef Masopust, et ce dernier est mort cet été. Le club lui offre une poignante minute de silence en présence de ses ex-coéquipiers et de sa famille dans le rond central. Un autre hommage lui sera d’ailleurs rendu à la mi-temps avec un long clip retraçant sa carrière. C’est toute la gloire et le renom du Dukla qui se sont éteints avec la disparition de ce grand homme et joueur. Aujourd’hui, le club n’est plus vraiment populaire et la base ultras est très petite (environ une cinquantaine d’âmes). La moyenne d’âge est au delà de la cinquantaine malgré la présence, dans le kop, de la mascotte du club qui vient chanter une fois son travail (fictif?) fini. Symbole de cette ambiance feutrée pour le pays, l’hymne du club qui retentit à l’écran géant mais qui n’est repris par personne dans le stade.

Les fameux Ultras du Dukla.
Les fameux Ultras du Dukla.

Le match en lui-même, me direz vous ? Le début est plutôt dominé par le champion en titre, le Viktoria Plzen, qui n’avait que légèrement fait tourner avant son match retour de C1. Cependant, la domination va tourner court et les jaunes vont dominer territorialement grâce à leur jeu léché et très technique même s’ils peineront à se montrer dangereux ; seul l’excellent Berger y parviendra sur coup-franc. Côté Viktoria, c’est tout l’inverse, et les rares incursions de Plzen donneront du fil à retordre à l’impeccable Rada. Score vierge à la mi-temps. Le match est sympathique, le style du Dukla ainsi que son ambiance à la bonne franquette nous enchante.

Les compositions des équipes.
Les compositions des équipes.

Dès la reprise, le Viktoria va de nouveau dominer mais, encore une fois, cela sera stérile avec notamment un incroyable raté de Duris. Symbole des problèmes des Rouge et Bleu ? Seize tirs mais seulement deux cadrés. Et petit à petit, les joueurs de l’armée vont reprendre le dessus, notamment grâce à Berger mais aussi l’intenable Prykyl, joueur très prometteur venu du Sparta voisin. Les Jaune vont d’ailleurs être récompensés, peu après l’entrée du Français Jean-David Beauguel, qui est à l’origine du but conclu par le fidèle Tomas Berger. 1-0, les adolescents devant nous font tourner les écharpes. Le stade se prend à rêver mais va se faire des frayeurs, avec l’incroyable bêtise de Jerabek qui concède dans la foulée un penalty stupide. Heureusement – pour le Dukla – il est expédié dans les nuages par un Kolarik décevant comme la plupart de ses coéquipiers en ligne offensive. La chance du Viktoria est donc passée, et les joueurs du Dukla peuvent faire le tour du terrain avant de taper dans les mains des supporters pour fêter leur victoire. Les locaux commencent très bien leur saison alors que le Viktoria ne prépare pas au mieux son match de troisième tour qualificatif de C1 (et l’avenir nous le confirmera, hélas pour le football tchèque…).

Quelle belle soirée !
Quelle belle soirée !

On notera quand même la communion avec les spectateurs et la simplicité avec laquelle les joueurs ont fêté leur victoire. Nous avons également pu leur taper dans la main et échanger quelques mots avec Beauguel. Sur ce, il est l’heure de rentrer avant de nouvelles aventures footballskistiques. Dernier passage obligé ? La statue de Josef Masopust, comme un pèlerinage pour les amateurs de football du monde entier. C’est avec un pincement au cœur que nous quittons Juliska, qui nous aura fait vivre notre première grosse émotion du voyage. Nul doute que le Dukla saura en faire vibrer plus d’un cette saison par son jeu et parviendra à confirmer voire améliorer sa sixième place de l’exercice précédent.

Les notes de Footballski :

 

Dukla Prague Viktoria Plzen

 

Standing du stade (3/5):

Ce stade à l’ancienne à un charme fou avec sa grande tribune, situé à flan de falaise. Rien que pour ça, nous lui accordons trois étoiles.

Disponibilité des billets (5/5):

On peut les acheter sur internet, on peut les trouver au stade en arrivant. Il s’agissait d’un adversaire de prestige, et il n’y avait aucun problème, donc le « 5 » s’impose ici.

Tarifs (4/5):

Environ 7 euros, c’est pas tellement cher (150 couronnes) mais il ne s’agit que du Dukla dans un stade n’étant que très rarement à guichets fermés, donc on peut accorder un quatre, mais cela ne devrait pas gréver une bourse française.

Ambiance (2/5):

Je pense que j’ai tout dit lors de la description, il s’agit d’un stade à l’ambiance feutrée avec un petit groupe d’ultras surannés mais bon enfant et sans racisme. Un petit « 2 » car l’on ne va pas à Juliska pour l’ambiance mais plus pour l’histoire et par le jeu proposé pas les troupes de Lubo Kozel.

Risques (4,5/5):

Aucun risque, si ce n’est les fameuses marches qui sont la terreur des athlètes s’entraînant ici.

Accessibilité et Transports (2,5/5):

Le stade est loin, même loin de l’arrêt de tramway, mais un bus y passe. Il faut s’orienter mais comme ce n’est pas quand même le bout du monde, Juliska a mérité la moyenne.

Boisson (4,5/5):

Quasi parfait ! Oui ! Il y a du coca ! Non mais plus sérieusement, la bière y est très bonne, l’ambiance authentique buvette est parfaite. Un bon choix de plats typiques des stades tchèques et des saucisses sublimes. Que demander de plus ? Seulement un plus gros choix de boissons ! 4,5 !

Quartier environnant (4,5/5):

Le quartier est calme, propre, beau. Tout est bien au Dukla, le demi-point manquant vient du fait qu’il ne s’agit pas d’un point central et célèbre de la ville.

 

Adrien Laëthier

 

 

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